Un des derniers connaisseurs de la langue na de Yongning : Mme Latami Dashilame (Yongning)
Langue sino-tibétaine : na
Enregistrement de locuteur
Dans sa jeunesse, mon professeur de langue moso (na) de Yongning, Mme Latami Dashilame, a été l'un des acteurs d'un documentaire-fiction au sujet des gens de Yongning et de leur structure familiale inhabituelle (Le mariage 'A-zhu' chez les Naxi de Yongning《永宁纳西族的阿注婚》). Plus tard, l'un de ses fils est devenu ethnologue, et de nombreux collègues ont rendu visite à sa mère. Elle a vu la culture des Na de Yongning devenir un objet de curiosité, et sa promotion dans l'industrie touristique, dont elle mesure les bons et les mauvais côtés. Ces expériences ont ébranlé certaines croyances que lui avaient transmises ses aînés, par exemple la foi bouddhiste. Elle pratique chaque jour les rituels, mais n'a plus entièrement foi dans la réincarnation. Les récits qu'elle a bien voulu enregistrer reflètent cet entre-deux : comment elle suspend sa croyance en un univers symbolique qui demeure néanmoins le sien.
Michaud, Alexis
CNRS-LACITO
2012
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na
Photographie
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Yongning
Les montagnes du comté de Muli, en bordure du haut plateau tibétain (Xiangjiao)
Langue sino-tibétaine : lazé.
Montagne de Muli, Vallée de Xiangjiao
Les montagnes sont propices à la conservation d'une grande diversité linguistique, autant que botanique, zoologique... Le comté de Muli, à la frontière du Sichuan et du Yunnan, est l'une des régions les plus accidentées de Chine, et l'une des plus riches linguistiquement. Dans la vallée de Xiangjiao (photo) coexistent plusieurs groupes, dont quelques familles de locuteurs d'une langue qui a moins de 400 locuteurs en tout : le lazé. Aucune des quelques personnes lazé avec qui j'ai travaillé n'a connaissance de l'histoire de leur petit groupe; si enclavées soient-elles, les vallées himalayennes ne sont pas à l'abri des bouleversements historiques, et les dernières décennies ont vu la perte d'une bonne part des traditions orales. Il y a une trentaine d'années, lors de la visite d'ethnologues (GUO Dalie et HE Zhiwu), certains Lazé conservaient encore la mémoire de la migration qui avait amené leurs ancêtres, huit générations auparavant, dans la vallée qu'ils occupent actuellement. En revanche, la langue lazé continue d'être parlée aujourd'hui. Les données recueillies en 2008 et 2009 ont permis de lever les doutes sur l'appartenance du lazé au groupe des langues naish ; dans l'étude de la phonologie historique de ce groupe de langues, le lazé apporte un témoignage important.
Michaud, Alexis
2008
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lazé
Photographie
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Xiangjiao
La tenue moderne d'un prêtre-chamane (Xiangjiao)
Langue sino-tibétaine : lazé
Chamanisme : habit traditionnel
"Si télévisions et téléphones portables sont courants partout en Chine (pays qui compte le plus grand nombre d'utilisateurs de téléphones mobiles au monde), les appareils photos sont moins répandus dans les petits villages : tout-numériques, ils supposent de posséder aussi un ordinateur, éventuellement une imprimante, objets qui n'ont encore guère fait leur apparition dans les foyers ruraux du Sud-Ouest chinois. La venue d'un enquêteur muni d'un appareil photo fournit donc l'occasion de poser, et, pour les femmes, de revêtir le costume traditionnel. M. Hu, aux côtés de sa femme, a choisi de garder ses vêtements de tous les jours. Dernière personne du village à connaître les rituels de la tradition lazé, qu'il a appris au cours de son adolescence (et a accepté d'enregistrer), il ne se pare de ses attributs de prêtre-chamane qu'à l'occasion des cérémonies.
Michaud, Alexis
2008
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lazé
Photographie
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Xiangjiao
Le départ du chemin des caravanes, de Yongning (Yunnan) vers Yiji (Sichuan)
Langue sino-tibétaine : na
Chemin des caravanes, le transport à cheval
Aujourd'hui encore, un chemin pour mulets soigneusement entretenu relie le bourg de Yongning (Yunnan) aux villages d'altitude environnants, tels que Yiji, dans le comté voisin: Muli, de l'autre côté de la frontière administrative entre les provinces du Yunnan et du Sichuan. Pour le visiteur qui voit se côtoyer au centre de Yongning les poids lourds et les petites caravanes de chevaux, le transport à cheval paraît d'un autre âge. Pourtant, ce qui maintient vivant ce mode de transport n'est pas un attachement particulier à la tradition, mais bel et bien son efficacité : pour les destinations les plus enclavées, la grand'route est longue et tortueuse, et ne mène pas jusqu'à destination, tandis que le chemin des caravanes, au prix du franchissement des cols d'altitude, dessert les plus petits hameaux.
Michaud, Alexis
CNRS-LACITO
2008
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na
Photographie
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Yongning
Cérémonie funèbre au village de FengKe 峰科 (Lijiang, Yunnan)
Langue sino-tibétaine : naxi
Cérémonie des obsèques
Dans le temps, les funérailles des Naxi se faisaient par crémation. A l'heure actuelle, la coutume chinoise de l'inhumation a été adoptée. Le vocabulaire témoigne de ce changement: le mot pour "tombe" est un emprunt au chinois; en naxi, pour dire "tombe", on dit simplement "défunt" ("cadavre"). Mais de tout ça, on parle le moins possible, car il ne faut pas parler de malheur ! Sur la photo, on voit l'ascension d'un cortège funèbre vers le lieu où sera inhumé le défunt : un escarpement rocheux au-dessus du fleuve Yang-tsé (金沙江). En tête, les membres de la famille, la tête bandée de tissu blanc en signe de deuil.
Michaud, Alexis
CNRS-LACITO
2004
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naxi
Photographie
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FengKe
La vallée de Xiangjiao (项脚), Sichuan
Langue sino-tibétaine : lazé
Montagne du Sichuan, culture céréalière
Les régions montagneuses enclavées abritent souvent une grande diversité linguistique, autant que botanique et zoologique. C'est vrai de l'Himalaya tout entier; c'est particulièrement vrai du comté de Muli, en Chine, à la frontière entre les provinces du Sichuan et du Yunnan. Ce comté est d'une extrême richesse au plan linguistique; ainsi, la langue lazé (langue tibéto-birmane) n'est parlée que dans quelques hameaux de la vallée de Xiangjiao (项脚). La photo est prise depuis une maison lazé ; dans les hameaux que l'on aperçoit de l'autre côté de la vallée, c'est une autre langue qui est parlée ! Situation qui n'a rien d'exceptionnel dans la région. Les reliefs spectaculaires de la région rendent précieuse chaque parcelle de terre plane. Les habitations sont pour la plupart à flanc de coteau, le fond de la vallée étant tout entier occupé par les champs de céréales.
Michaud, Alexis
CNRS-LACITO
2008
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lazé
Photographie
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Xiangjiao
Les deux rives du pays Na (Yunnan)
Langue sino-tibétaine: naxi
Vallée du Yangtsé
Le territoire où habite actuellement le peuple na (aussi appelé naxi, moso) est divisé par une frontière naturelle, le fleuve Yangtsé. Au fil des siècles, les Na vivant sur l'une et l'autre rive ont connu une évolution culturelle divergente, les uns empruntant au Tibet voisin sa religion et d'autres traits culturels, les autres plus directement influencés par les dernières dynasties chinoises, Ming et Qing. La photographie a été prise en un point de la vallée du Yangtsé où ces deux univers culturels se font face. Le cliché est pris du village de /fv??k?o?/ (Fengke en chinois), sur la rive droite du Yangtsé, rattaché à la préfecture de Lijiang (fortement sinisée). Les habitants soulignent qu'à /fv??k?o?/ on pratique le mariage (la mariée rejoignant la maisonnée de son époux), à la différence des Na de l'autre rive, qui jusqu'à date récente ne pratiquaient pas le mariage (mais des visites des amants aux amantes, système peu courant, et célèbre parmi les ethnologues). Cette différence frappante, tenant à une coutume dont on imagine aisément les malentendus qu'elle génère, et qui est aujourd'hui devenue argument touristique, peut masquer certaines proximités qui au contraire passionnent le linguiste : le dialecte na de /fv??k?o?/ est sur bien des points proche de celui qui est parlé sur la rive opposée, signe d'une origine commune doublée de contacts qui n'ont sans doute jamais été totalement interrompus.
Michaud, Alexis
CNRS-LACITO
2004
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naxi
Photographie
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Yunnan
Le Dongba He Jixian chante le dernier manuscrit rituel de la cérémonie naxi du sacrifice du ciel (Wumu)
Langue sino-tibétaine : naxi.
Chamanisme : Cérémonie rituelle et habit cérémoniel.
Le Dongba du petit village de Wumu revêt à l'occasion du grand culte aux ancêtres naxi du Sacrifice au Ciel sa tenue cérémonielle. Elle est constituée d'une longue bande de tissu noir enroulée autour de la tête, d'une longue robe rouge, d'une veste et d'un long collier de perles blanches. L'attirail des Dongba est très onéreux, car ce dernier doit également se procurer tambours, vases, papier manuscrit et accessoires nécessaires à l'accomplissement de leur rôle de spécialiste rituel. Les manuscrits naxi dont couverts d'une écriture pictographique dite dongba qui servent d'aide mnémotechnique au Dongba tout au long du rituel.
CNRS-LACITO
2016
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naxi
Photographie
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Wumu (Baoshan)
Portrait de famille naxi au village de Wumu
Langue sino-tibétaine : naxi
Famille naxi
Habit traditionnel
Ce portrait de la famille Mu m'a été expressément demandée par le chef de famille (en haut à droite), en partie car son vieux père est malade. Pour l'occasion, un soin particulier a été porté aux tenues traditionnelles de la fillette et de sa grand-mère, ainsi qu'à la présentation du grand-père. Sur la photographie figure une maisonnée naxi formée d'une famille élargie : le père vivant avec son épouse et leur fille dans la maison de ses parents. Dans la majorité des cas au village de Wumu, la filiation suit la règle de la patrilinéarité et les mariages sont patrilocaux.
CNRS_LACITO
2016
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naxi
Photographie
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Wumu (Baoshan)
Les volutes de fumée des chel shul (petits tas de branchages de pin et d'azalées enflammés) éliminent les impuretés dans le village naxi au matin du Sacrifice au Ciel (Wumu)
Langue sino-tibétaine : naxi
Montagne naxi
Culture céréalière naxi
Dans les montagnes surplombant le fleuve Jinsha dans le Nord-Ouest du Yunnan, le village naxi de Wumu compte quelques cinq cent habitants, pour la plupart paysans. Ils vivent de leurs cultures de blé, de maïs, d'orge, de fèves et de pois et d'élevage de chèvres et de porc. La photographie a été prise au matin du cinquième jour de la nouvelle année du calendrier lunaire, date à laquelle se tient chaque année la grande cérémonie du Sacrifice au Ciel, le plus important des cultes aux ancêtres des Naxi. Ce matin-là, comme pour chaque grande occasion, chaque famille effectue chez soi un petit rituel visant à éliminer les impuretés (en naxi : chel shul, en chinois : chuhui ??) en enflammant à l'extérieur de la maison un petit tas d'aiguilles de pin et de feuilles d'azalées. La fumée blanche s'élève ainsi dans l'air matinal, enrobant le village d'une atmosphère particulière.
CNRS-LACITO
2016
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naxi
Photographie
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Wumu (Baoshan)
Vue sur le fleuve Jinsha en pays naxi (Wumu)
Langue sino-tibétaine : naxi
Montagne naxi
Culture céréalière
Dans le Nord-ouest du Yunnan, dans les montagnes surplombant le fleuve Jinsha, cette vieille femme naxi vient, comme chaque fin d'après-midi, chercher ses cochons. L'élevage de porcs est l'une des activités principales des habitants du village, avec l'élevage de chèvres et la culture de blé, de maïs et de tabac. La vieille Li porte l'habituel tablier bleu de travail qui ceint sa taille ainsi qu'un turban noir, brodé de couleurs aux extrémités, enroulé autour de sa tête. Le turban noir est porté par les femmes naxi à partir de 75-80 ans. Leurs cadettes de quelques années (env. 50-75 ans) portent elles la casquette mao bleue. Pour le labeur quotidien, le costume traditionnel des anciennes du village est - à l'exception du turban et des boucles d'oreilles en argent et en jade - remplacé par les vieux vêtements de tous les jours. La peau de mouton aux sept étoiles est réservée aux jours de fête et aux grandes occasions.
CNRS-LACITO
2016
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naxi
Photographie
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Wumu (Baoshan)