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  • Description is exactly "Au sein de la population de langue yucuna (environ un millier de locuteurs), la mythologie n'est plus connue que par une toute petite minorité d'anciens, principalement des guérisseurs (qui sont moins d'une dizaine aujourd'hui). Ne pouvant noter, transcrire et traduire, seul, cet héritage oral millénaire, suffisamment rapidement avant que ne disparaissent ces derniers narrateurs, j'ai décidé en 2002 de distribuer des cahiers et des stylos à tous les Yucuna sachant quelque peu écrire en langue yucuna (grâce aux écoles bilingues créées par les linguistes du Summer Institute of Linguistics depuis la deuxième moitié des années 80) et acceptant de rédiger (en yucuna et en espagnol) les récits qu'ils connaissaient, ou de les recueillir auprès de leurs anciens. La quarantaine de cahiers qui me sont revenus m'ont rapidement fait prendre conscience de la grande inégalité qui régnait, d'une part, en matière de connaissance de la mythologie et, d'autre part, dans la maîtrise de l'écriture (aussi bien en yucuna qu'en espagnol). Après avoir ainsi identifié les meilleurs narrateurs et rédacteurs, j'ai finalement décidé en 2006 de concentrer quasi exclusivement mon travail avec ces derniers pour recueillir un maximum de textes suffisamment exploitables pour envisager d'être publiés, ce qui m'a permis aussi de minimiser les coûts (car tous les narrateurs et rédacteurs demandaient à être rémunérés, au nombre de pages ou d'heures d'enregistrement). Sur la photo, quatre hommes mâchent la coca autour d'une table dans une maloca (grande maison traditionnelle). Tout au fond, le vieux soigneur Mario Matapi (décédé en juin 2011) est assis dans son hamac dans la pénombre. Il est en train de dicter l'Histoire des trois frères blancs* à l'homme à sa gauche, qui saisit le texte sur un Alphasmart 3000.**
    En face de cet homme, César Matapi transcrit le mythe d'origine (Karipú Lakena) en l'écoutant sur le magnétophone MiniDisc qui m'avait permis de l'enregistrer auprès de Mario.
    Au premier plan, Edilberto Yucuna est un soigneur qui a transcrit pour moi bon nombre des mythes de son père, Milciades Yucuna. L'ordinateur portable n'est pas assez autonome pour pouvoir y saisir des récits dans un lieu manquant d'électricité (même si l'éclairage est ici assuré par un panneau solaire que j'avais installé dans la maloca). L'ordinateur n'est là que pour en montrer l'utilisation aux indigènes, et pour stocker les informations recueillies avec l'Alphasmart lorsque le support mémoire de ce dernier est saturé.
    * FONTAINE Laurent, 2008, Récits des Indiens yucuna de Colombie. Textes bilingues. L'Harmattan, p. 112-136.
    **L'Alphasmart 3000 est un terminal de saisie particulièrement résistant et autonome, permettant de stocker et de transférer des données sur un ordinateur, ou de les imprimer au moyen d'une imprimante externe (c'est Jean-Pierre Caprile qui me l'avait conseillé)."

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Au sein de la population de langue yucuna (environ un millier de locuteurs), la mythologie n'est plus connue que par une toute petite minorité d'anciens, principalement des guérisseurs (qui sont moins d'une dizaine aujourd'hui). Ne pouvant noter,…
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